Le groupe Casino a noué un partenariat stratégique avec Qarnot computing pour l’installation et l’exploitation de data centers de nouvelle génération au sein d’entrepôts et de réserves de ses magasins. C’est GreenYellow, une autre filiale du groupe Casino, qui se charge de la fourniture d’électricité nécessaire. Ce qui permet des économies de chauffage des entrepôts.

Le groupe Casino fait les affaires en famille

À l’issue d’échanges enrichissants lors du CES de Las Vegas en début d’année 2018, le groupe Casino et Qarnot Computing ont créé une coentreprise, baptisée ScaleMax, qu’ils détiennent chacun à hauteur de 50%. Le principal objectif de cette filiale dédiée au cloud est d’optimiser les espaces inexploités du distributeur en y installant des data centers. La puissance de calcul est ensuite vendue à des clients tiers, tout en permettant aux magasins Casino de se chauffer gratis. C’est GreenYellow, une autre filiale du groupe Casino, qui se charge de fournir l’électricité nécessaire au fonctionnement des data centers.

Cette activité génère des revenus complémentaires pour le groupe Casino grâce à la location des espaces disponibles et à la fourniture d’électricité. Par ailleurs, il est prévu de réutiliser la chaleur produite par les serveurs pour chauffer les bâtiments concernés (magasins, entrepôts). Ce qui permettra des économies de chauffage des entrepôts car un entrepôt coûte au moins 30 000 euros de chauffage par mois en hiver.

« Nous sommes français. Et puis nous sommes quatre fois moins chers »

Le premier data center a vu le jour dans un entrepôt logistique de Cdiscount situé en Seine-et-Marne en mars 2019. Il occupe un espace de 430 m² qui héberge 36 calculateurs, baptisés Omars, avec une capacité de génération de 10 240 cœurs. Principe : utiliser la chaleur dégagée par les calculateurs pour fournir de l’énergie. « La chaleur est réutilisée grâce à un système de pompes à chaleur raccordées à la boucle de chauffage de l’entrepôt », précise-t-on chez Casino.

Un autre data center devrait suivre au premier semestre en Auvergne-Rhône-Alpes. Une vingtaine de sites additionnels devraient être déployés d’ici 2023, au rythme de 5 sites par an. ScaleMax compte déjà plusieurs clients dont des banques (BNP Paribas et Natixis, entre autres), des start-up spécialisées dans l’intelligence artificielle ou encore des entreprises de l’animation 3D (Iconem).

La filiale du groupe de Jean-Charles Naouri a pourtant quelques concurrents de poids, parmi lesquels Amazon avec son service AWS, Microsoft Azure ou encore Google Cloud. « Mais nous avons plusieurs avantages face à ces mastodontes. Nous sommes français. Et puis nous sommes quatre fois moins chers car nous utilisons des espaces inexploités et réutilisons la chaleur dégagée par nos data centers.», explique Martin Calmels, directeur général de ScaleMax.

Le High Performance Computing, un marché prometteur

« ScaleMax est une opportunité pour le groupe Casino de valoriser les surfaces de ses entrepôts et des réserves de ses magasins et en fournissant de l’énergie verte avec la filiale GreenYellow, pour un marché d’avenir en forte croissance au niveau mondial », avait indiqué le directeur de l’innovation au sein du groupe Casino. Ce marché, couramment appelé High Performance Computing (HPC) a connaîtra une croissance de +21% entre 2017 et 2023 pour une valeur estimée à 10,8 milliards d’euros en 2020 et 22 milliards d’euros en 2023. La demande est tirée par le secteur privé et leurs pôles R&D / innovations qui développent des nouvelles technologies très demandeuses.

« Les besoins en calculs intensifs vont augmenter avec la blockchain, l’intelligence artificielle et le machine learning. Nous développons cette activité parce qu’au-delà de sa rentabilité, nous croyons à son fort potentiel », se projette Cyril Bourgois, directeur de la stratégie et de la transformation digitale du groupe Casino.